jeudi 16 octobre 2008

Archives nationales portugaises


Je pense à ceux qui ont tamponné ici le monogramme T et en dessous Torre do Tombo, en bleu.

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Tout à côté, une chercheuse consulte des partitions enluminées dans un énorme manuscrit Je suis un peu ébloui et vaguement jaloux. Mes documents, paraissent si banals : rapports administratifs écrits à la machine, tampons, vague signature, en-têtes officiels. Parfois des ajouts manuscrits : précisions à l'encre claire, commentaires signés. Mais derrière beaucoup d'entre eux, les probables séances de torture de la PIDE, la Gestapo de l’époque de Salazar.

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Hall immense et vide. Une femme de ménage astique des fauteuils confortables où personne ne viendra s’asseoir avant longtemps. C’est l’été. Il n’y a que des fous pour venir s’enfermer ici; cette crypte de documents qui vous filent des démangeaisons. Des regalia sont exposés à l'entrée mais seul, le bar m’intéresse.

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Passeport de Noémia de Sousa (l'immense poétesse mozambicaine) où elle sourit et où je touche ses impressões digitais. Emouvant. Comme des reliques. Reliques au-dessus du malheur. Joie simple de ce regard, de côté. Une jeune fille qui déjoue la machine à identifier.
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Je ne demande pas la reproduction de ces photographies : assez de paperasse, d’attente. D'un cliché à l'autre, Noemia embellit, quitte son attitude d'enfant boudeuse. Fin des années 1950, la jeune femme traverse la colère et trouve un visage.

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La petite magasinière a toujours le pied léger. A peine lui ai-je tendu le lourd dossier qu'elle m'en donne un autre. Quel âge peut-elle avoir ? Quel est le secret de sa bonne humeur malgré l'austérité du lieu ?

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