jeudi 16 octobre 2008

Le Berlin de Döblin : matière sonore


Dans Berlin Alexanderplatz (1929), Alfred Döblin, qui éprouvait une insatiable curiosité pour le spectacle de la vie urbaine, ne produit pas uniquement une photographie, mais un enregistrement du Berlin des années 1920. Son personnage principal, l’ex-prisonnier Biberkopf, avance dans une complexe matière sonore dont le noeud orchestral est la fameuse place qui donne son nom au roman. Carnet en main, depuis plus de 20 ans, Döblin qui se détourne du bourgeois comme des pauses expressionnistes, griffonne compulsivement, tournant sans cesse la tête dans les cafés comme dans les rues, enregistre et écrit ce « tiers espace» sonore (synthèse de points de vue pour reprendre B. Westphal) si original. Sous sa plume, la ville est cette composition musicale, inédite, imprévisible, qui façonne Biberkopf, sujet malade qui, peu à peu, de reste de chants patriotiques (ruines du militarisme prussien, matrice du nazisme) en balbutiements, de dialogues monosyllabiques en digressions d'alcooliques, reprend le couloir de la parole.

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